Les IA sont parmi nous, et la singularité c'est pour bientôt ? Peut-être, peut-être pas. Laissons de côté les débats idéologiques et ignorons les articles clickbait alarmistes. Dans le domaine visuel, les créations par les IA (même si ce ne sont pas de vraies « intelligences »), existent bien et sont un phénomène que les métiers du graphisme ne peuvent pas se permettre d'ignorer.
On a tous vu du « AI Art », plus ou moins manga ou photoréaliste, et force est d'admettre que les résultats sont impressionnants, même si pas toujours parfait ou naturels (mais ça, ce n'est qu'une question de temps). Nous ne sommes plus à l'ère du coup de force technologique ou de l'effet d'annonce. Les IA graphiques sont là, elles fonctionnent bien et sont à la portée de tous, indépendamment de nos compétences graphiques ou techniques. Les questions de droits d'auteur, de propriété intellectuelle d'un style, de rémunération des artistes ou de la définition fondamentale de l'art sont chaudement débattues et auront des conséquences notables sur les métiers.
Mais quels que soient les impacts juridiques, professionnels ou financiers, les IA graphiques ne vont pas disparaître. Les mêmes inquiétudes, rejets ou fascinations ont accompagné toutes les évolutions technologiques fondamentales, et l'expérience nous indique que les nouvelles technologies, quand elles sont viables, ont gagnés à chaque fois. La marché de la musique à connu nombre de révolutions, du mp3 au streaming et du sampling à Autotune, et les créateurs ont du s'adapter. La création visuelle a fait de même, de la sérigraphie à Photoshop.
Les IA semblent différentes car elles produisent de nouvelles images à la demande (et en volume), sans compétence artistique et sans réelle créativité. Mais en réalité, le débat n'est pas nouveau. Quand Andy Warhol a utilisé le travail de photographes pour créer ses portraits d'Elvis ou de Marylin Monroe, il a crée une œuvre, aujourd'hui reconnue comme artistique, mais pas tout à fait une nouvelle image (il y a encore eu un procès pour droits d'auteurs récemment). Si quand vous utilisez un filtre Photoshop, ou modifiez une image existante, vous considérez que c'est une œuvre, n'est-ce pas la même chose que ce que fait une IA, juste de manière infiniment plus complexe ? Les outils changent et impactent les techniques de créations, mais les créateurs sont toujours là.
Il est indéniable que les IA vont avoir un impact profond sur la manière dont nous créons des images, leur valeur commerciale et artistique, mais le métier de graphiste n'est pas près de disparaître (tout comme celui de scénariste ou de compositeur). Si Warhol n'a pas mis fin aux artistes et l'Iphone aux photographes, il y aura toujours besoin de créateurs d'images humains. Parce que les « IA » telles qu'on les connaît aujourd'hui, ne sont pas encore de véritables intelligences, capable de choix esthétiques, d'originalité ou de véritable créativité. Ce sont de nouveaux outils, extrêmement puissants, mais comme Photoshop ou Canva, juste des outils. Maintenant, il reste à voir ce qu'on peut en faire, en les mettant dans les mains des graphistes de demain.
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