Dans jeu de rôle, il y a jeu et rôle. Qui n’a jamais mis des zéros sur vingt fictifs à des élèves fictifs en écrivant avec de fausses craies sur un mur-tableau ? Le jeu de rôle commence là. Dès l’enfance, nous développons une imagination qui nous permet de nous adapter aux situations futures, sans même nous en rendre compte.
George Herbert Mead et Robert King Merton, sociologues, ont défini les participants à ces jeux de rôle d’« acteurs sociaux ». Autrement dit, nous sommes tous des comédiens détenteurs de rôles principaux qui partageons l’immense scène qu’est la Terre. Nous jouons nos vies.
Le cerveau assimile le terme jeu sans la contrainte d’apprentissage. Ainsi, en enfilant votre peau de politicien elfique présidant un congrès par exemple, vous allez développer vos compétences d’orateur, votre diction, votre position et tous les processus cognitifs qui vous constituent. Si vous lisez un livre sur Einstein, bien que passionnant, le contenu risque de vous ennuyer car les informations techniques et scientifiques ne parlent pas à tout le monde.
En revanche, si vous enfilez la blouse d’Einstein et formatez votre cerveau pour être lui, vous risquez fortement de retenir ce que vous déclamerez. Au lieu de lire et de retenir laborieusement, vous direz et apprendrez de façon ludique. C’est la magie du jeu de rôle.
Le jeu de rôle peut se décliner en plusieurs « arènes ». Il existe des salles dédiées à cette activité qui mixe théâtre et cosplay. L’un des plus populaires est Donjons et Dragons. N’importe qui vous dira que sortir d’une séance de jeu de rôle fait du bien à la confiance en soi ! En effet, troquer sa peau pour une autre permet à notre nous profond de faire une pause. En étant acteur d’un autre personnage, notre nous interne est paradoxalement spectateur.
En jouant ces rôles, on développe son imagination, sa créativité… Cette « dépersonnalisation » est utilisée dans l’éducation positive, un concept qui a le vent en poupe depuis quelques années. Et pour cause ! Le psychiatre Serge Tisseron vante les bienfaits du jeu de rôle à l’école pour aider les enfants à prendre conscience des autres, d’eux-mêmes, de leur comportement et de leur rôle au sein du groupe. Ce qui est dommage, c'est qu'on perde le pli en vieillissant.
Cas pratiques du jeu de rôle
Dans la vie de tous les jours, nous jouons des rôles, consciemment ou pas. Vous attendez cet entretien d’embauche depuis des semaines. Enfin, la date arrive. Spontanément, vous allez chercher à impressionner le recruteur afin qu’il vous choisisse vous et pas un autre. Pour cela, des reflexes se mettent en place : choisir une tenue, préparer quelques réponses à l’avance, travailler son sourire, anticiper les réactions…
Voyons la chose autrement : Choisir une tenue = choisir son costume. Préparer des réponses = répéter ses répliques. Travailler un sourire = Taper la pose. Anticiper des réactions = se préparer à improviser.
Peut-être que grâce à ce costume porté spécialement pour l’entretien, vous aurez ce travail. Peut-être que votre sourire sorti seulement pour les occasions, impressionnera votre interlocuteur. Peut-être que vous aurez bien joué votre rôle !
Même si ces préparations en amont ne sont pas garantes de succès, elles rassurent en quelque sorte votre vous profond. Imaginez que vous rencontriez votre belle-famille pour la première fois. Peut-être que vous discuterez en avance avec votre partenaire des sujets à éviter. Peut-être que vous lui demanderez de ne pas mentionner telle chose. A nouveau, vous entrez dans la peau de votre personnage. Cela ne veut pas dire que vous ne serez pas vous-même, en revanche, peut-être allez-vous exagérer certains traits positifs de votre personnalité ou cacher vos défauts le temps du repas.
En sortant de cette réunion de famille, de cet entretien d’embauche, vous allez vous apercevoir des bienfaits du jeu de rôle : la belle-famille est conquise. Vous avez eu le job. Ou bien, la belle-famille ne vous a pas plus aimé que cela et la prochaine fois, vous serez un peu plus vous-même. Peut-être que le job vous a échappé, dans ce cas, pour un entretien suivant, vous éviterez les sourires préparés. Il y a toujours quelque chose à tirer de ses rôles joués ! À chaque fois, on apprend. L’apprentissage est au cœur de notre école. Le jeu de rôle aide nos Factoriens dans ce sens.
Et à la Virtual Factory alors ?
La Virtual Factory intègre le jeu de rôle dans des matières bien spécifiques, comme l'Anglais ou la prise de parole en public. S'exprimer à l'oral sans avoir peur de se tromper est un exercice bien plus délicat qu'il n'y paraît. C'est pourquoi nous avons choisi le biais du jeu de rôle : nos Factoriens sont alors obligés de parler, de répondre, de lire et d'écrire pour faire avancer une partie de Donjons et Dragons. Ils apprennent ainsi tout un tas de vocabulaire et de technique tout en s'amusant!
Alors, on joue ?

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